Bonne Tenue du Crayon : comment l’encourager dès la maternelle (et même avant) ?

by | 16 Déc 2021 | Non classé | 1 comment

L’attention portée à la tenue du crayon par l’enfant est importante dès la maternelle pour faciliter l’apprentissage d’une écriture qui soit rapide, fluide, lisible et confortable. Pendant les premières années à l’école (maternelle et CP) une mauvaise tenue du crayon ne posera pas forcément problème. Mais arrivé dans les grandes classes où la quantité d’écrits augmente, l’enfant éprouvera des difficultés à suivre le rythme s’il a une mauvaise tenue de son crayon. Il est donc important d’apprendre dès le plus jeune âge à l’enfant à bien tenir son crayon et corriger les mauvaises habitudes qu’il aurait pu prendre dans d’autres classes ou avant même de rentrer à l’école.

Pourquoi n’existe-t-il qu’une seule bonne tenue du crayon ?

Nous ne naissons pas avec un crayon dans les mains. Il n’existe donc pas de tenue « naturelle » de cet outil. Oui, le crayon est un outil technique et comme tous les autres outils, il y a une façon de s’en servir afin qu’il soit le plus efficace et le plus confortable possible. On ne laisserait pas un enfant se servir tout seul d’une scie sauteuse ou d’un violon sans lui enseigner ? Pour le crayon, c’est la même chose. Il faut enseigner à l’enfant comment bien s’en servir et comment bien le tenir.

Bien qu’il existe plusieurs tenues du crayon dites « fonctionnelles » (c’est-à-dire qu’elles permettent effectivement d’écrire), il n’en existe qu’une seule qui soit réellement ergonomique c’est celle qui demande le moins d’efforts musculaires, celle qui sollicite le moins les articulations et qui sera du coup la plus confortable.

De nombreuses personnes (peut-être même vous ?) ne tiennent pas leur crayon de façon ergonomique et ont tout de même une écriture lisible. Mais qu’en est-il de leur rapidité d’écriture, de la fluidité et surtout de leur confort d’écriture dans la durée ?

Peut-être qu’en effet certains enfants suivront sans souci le rythme d’écriture demandé à partir du CE2 avec une prise fonctionnelle, mais pourquoi prendre le risque de le mettre en difficulté alors que notre rôle est précisément de faciliter ses apprentissages ?

Comment bien tenir son crayon ?

La tenue du crayon ergonomique est illustrée dans l’image ci-contre.

La prise du crayon (ou du stylo) est ergonomique lorsque :

  • Le crayon est coincé entre la pulpe du pouce et la dernière phalange du majeur (au niveau de l’articulation de cette dernière phalange). L’index repose sur le crayon en face du pouce. Il s’agit donc bien d’une pince Pouce/Majeur.
  • Le corps du crayon repose dans la commissure entre le pouce et de l’index.
  • L’annulaire et l’auriculaire sont légèrement repliés dans la main.
  • Le crayon se trouve dans l’axe de l’avant-bras.

tenue crayon

Gardez bien en tête que la tenue de crayon est la même pour les droitiers et pour les gauchers, seule la main change. En effet, on pense souvent à tort, qu’un gaucher doit tenir son crayon de manière différente (en cassant son poignet notamment). C’est faux et la posture lors de l’écriture est 100% symétrique par rapport au droitier. Nous verrons dans les articles suivants de ce dossier que seul l’écartement de l’épaule diffère entre droitiers et gauchers (du fait du sens de l’écriture qui part de la gauche vers la droite).

Pour vérifier, la bonne tenue du crayon, n’hésitez pas à demander à l’enfant de lever l’index. Le crayon ne doit pas bouger car l’index ne le maintient pas.

Concernant la pression exercée, c’est une question d’équilibre, et d’entraînement. Il faut tenir son crayon de manière ferme pour qu’il ne glisse pas, mais suffisamment souple pour pouvoir bouger de façon fluide.

Je vous propose ci-contre une vidéo montrant la bonne tenue du crayon pour le droitier et pour le gaucher. On constate que la main est parfaitement symétrique.

La vidéo aborde également le sujet de la bonne posture pour l’apprentissage de l’écriture que nous verrons dans un autre article.

Comment enseigner la bonne tenue du crayon ?

Être vigilant avant l’entrée à l’école

Avant l’entrée à l’école (vers 3 ans), c’est aux parents et aux personnes en charge des tout-petits d’être vigilants sur la prise du crayon et en particulier sur les outils laissés à la disposition des enfants. Il faut en effet éviter de donner un crayon à un enfant dont la main n’est pas prête (c’est-à-dire pas assez tonique et pas assez musclée). Plus facile à dire qu’à faire, mais une règle à retenir dans ce cas : « Petites Mains, Petits Outils! »

Souvent utilisé, dans les structures d’accueil des tout-petits et mêmes en maternelle, les gros crayons sont problématiques car ils favorisent la tenue dite « palmaire » (avec la paume de la main – loin d’être ergonomique donc). L’enfant qui apprendra à écrire devra donc par la suite déconstruire cette tenue qu’il a déjà encodée dans son cerveau, afin de changer pour la tenue tridigitale (avec les trois doigts pouce-majeur-index) pour la suite de l’apprentissage de l’écriture.

Oui mais alors, quelles alternatives leur proposer pour dessiner ?

Il existe plusieurs outils de dessin permettant d’attendre que l’enfant soit prêt à utiliser un crayon. Je pense notamment aux craies en forme de galets à attraper du bout des doigts (craies Rocks) ou en forme de triangle. Ces outils favorisent l’encodage d’une prise tridigitale dès le plus jeune âge.

En termes d’activités pour les tout-petits, l’idéal est de développer leur motricité fine et de leur faire manipuler différentes textures pour muscler leurs doigts :

  • Perles à enfiler 
  • Jouer aux billes
  • Pâte à modeler
  • Pâte à sel
  • Faire des Pâtes et des Gâteaux en y mettant les mains (crumble à émietter par exemple)
  • Peindre avec les doigts
  • Visser, dévisser des bouchons

NB : à cet âge, l’enfant n’est pas encore latéralisé, c’est-à-dire que la main qui va écrire n’est pas encore déterminée, il est donc important de faire ces exercices ou activités avec les deux mains.

Le réflexe d’agrippement (grasping en anglais) est responsable de certaines mauvaises tenues du crayon. Le réflexe d’agrippement est ce reflexe qu’ont les nouveaux nés de saisir automatiquement les doigts d’un adulte ou tout autre chose (les cheveux par exemple) qui sont mis dans ses mains.

Ce réflexe apparait in utero, il est dit archaïque ou primitif. Il disparaît (on dit qu’il est « intégré ») par les bébés entre 9 et 12 mois (notamment avec le bébé qui joue au sol et rampe, ce qui l’oblige à avoir les mains à plat). Si ce réflexe n’a pas été correctement intégré et qu’il est toujours présent chez l’enfant, cela peut engendrer des crispations douloureuses autour du crayon ou un manque de tonicité de la main.

Avant même d’enseigner la bonne tenue du crayon, il faut donc s’assurer de l’intégration de ce réflexe car sinon dès que l’enfant sera concentrée sur autre chose que la tenue de son crayon, ce réflexe reprendra naturellement le dessus.

Pour faciliter l’intégration tardive de ce réflexe, toute les activités du type, pâte à modeler, billes, froisser/défroisser une feuille d’une seule main peuvent aider.

Continuer de muscler les doigts en maternelle

Du fait d’une place de plus en plus grandes des écrans dès le plus jeune âge, les enfants arrivent souvent en maternelle avec des doigts peu musclés par manque de pratique des activités citées plus haut.

Dès la petite section, on peut donc proposer des exercices de gymnastique des doigts pour les délier (les isoler les uns des autres) et les muscler. Cette gymnastique peut être intégrée dans un rituel. Voici quelques exemples d’exercices :

  • Faire marcher les doigts (index et majeur comme les jambes d’un bonhomme) ;
  • Faire jouer du piano sur la table

Ces petits exercices de gymnastique des doigts peuvent être poursuivis jusqu’en CP.

NB : ce sont bien les doigts qu’il faut muscler car ce sont eux qui vont bouger pour former les lettres (et non le poignet), en particulier le pouce.

Ce qui plait également beaucoup en maternelle ce sont les comptines et poèmes à gestes, par exemple :

  • Petit pouce es-tu là ?
  • Que fait ma main ?
  • J’ai deux mains
  • Un petit pouce qui danse
  • Petit pouce part en voyage
  • Voici ma main
  • Mains en l’air

Une fois que leurs doigts sont bien musclés et avant de leur donné un crayon, prenez bien le temps de leur décrire la position ergonomique. Voici deux exemples de petites histoires permettant d’imager cette tenue pour que l’enfant la retienne plus facilement :

  • L’histoire de la voiture de Josiane Caron – à retenir pour l’histoire même si cette vidéo peut donner l’impression qu’il faut une pince pouce – index pour écrire.
  • L’exercice de 1,2,3 Soleil ! de Célia Cheynel de l’excellent site Bouge ta Plume

 

Et bien sûr, par la suite, il faudra rester vigilant et corriger les éventuelles les tenues du crayon incorrectes avec patience et bienveillance.

Envisager une rééducaton de l’écriture si la tenue du crayon de l’enfant reste incorrecte après le CE1

Si malgré les étapes décrites précédemment ou si l’enfant est déjà en CE1, ou enfin si l’enfant fait part de problèmes liés à son écriture (douleur, lenteur ou illisibilité), il existe depuis quelques années des experts de l’écriture : les graphoéducateurs ou graphopédagogues.

Ces professionnels proposent des séances de rééducation après une première séance de diagnostic pour comprendre la cause du problème. Il faut prévoir en moyenne 5 ou 6 séances espacées chacune de quelques semaines et avec des exercices à la maison afin de corriger une mauvaise tenue de crayon (ou éventuellement une mauvaise posture). Vous pouvez avoir plus d’informations sur leur réseau https://www.graphoeducation.fr/ ou sur le site https://www.bougetaplume.fr/.

Et vous, est-ce que vous élèves tiennent bien leur crayon ? Quels rituels et quelles astuces avez-vous mis en place en classe afin d’encourage une bonne tenue du crayon ?

1 Comment

  1. MLE CHRISTELLE BRENOT

    Bonjour
    Je vous signale que la rééducation de l’écriture est aussi une compétence des orthophonistes. il faut en parler au médecin qui, s’il est d’accord, prescrira un bilan orthophonique avec rééducation si nécessaire. L’orthophoniste jugera alors s’il s’agit d’un trouble (dysgraphie) et alors proposera des séances ou bien s’il s’agit juste d’un manque apprentissage auquel cas la famille peut aller chez un graphothérapeute (qui n’est pas un soignant).

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